Bonjour à toutes et à tous

Après six années à défendre une littérature féministe, humaniste, marginale et sombre, Noir d’Absinthe arrive au bout de son épopée.

Nous avons en effet décidé de fermer la maison d’édition, pour plusieurs raisons. Il y a celle, évidente, des finances : lorsque l’on est indépendantes dans le monde du livre, il est quasi impossible de s’en sortir, surtout dans une littérature de niche. Nous avons tenu six ans, et c’est déjà beaucoup dans ce milieu.

Mais la vraie raison, qui en découle, est celle du feu. Tenir une maison d’édition demande une énergie de tous les instants, un engagement total, une motivation permanente, et c’est difficile à maintenir dans un cadre si peu valorisé, dans lequel on donne toute sa force pour à peine vivoter. Et encore…

Nous préférons fermer avant de devenir amères, avant de perdre le sens de ce que nous faisons, avant d’oublier que tout cela, c’est pour l’Art et l’Art seul. La misère du monde de la culture a cet effet délétère : avec le temps, on se demande comment on va passer le mois, non plus comment on va toucher des âmes.

Il n’était pas question de s’oublier. La maison d’édition était un moyen de transmettre de l’Art, mais ce n’était pas une fin en soi. L’Art que nous avons partagé est toujours là, les esprits que nous avons touchés avec nos mots se souviennent, les œuvres sont loin d’être parties.

Nous fermons donc par choix, avec la fierté d’avoir été authentiques et vraies, depuis les prémices jusqu’à aujourd’hui, de ne jamais avoir baissé les bras, de n’avoir accepté nul compromis.Nous fermons, oui, mais debout.

Nous tenons à remercier toutes celles et ceux qui nous ont soutenues toutes ces années. Les lectrices et lecteurs qui ont cru en nous et ont donné une chance, une vie à nos textes. Les blogueuses et blogueurs qui ont valorisé notre catalogue avec ferveur. Les stagiaires qui nous ont tant aidées. Les salons qui nous ont reçues, mêmes quand nous n’étions pas connues. Les autres maisons d’édition qui nous ont accueillies avec respect dans le milieu de l’imaginaire. Les artistes, de Noir d’Absinthe ou non, qui ont parlé de nous et nous ont mis en avant. Les institutions, surtout en Bretagne, qui ont soutenu par leurs conseils et leurs subventions notre structure.

Noir d’Absinthe ferme, et c’est un échec, non pas personnel – nous avons tout donné – mais de notre société, de la culture, de cet environnement capitaliste où l’Art, le vrai, est une monnaie. Ce combat pour proposer de la littérature impactante et puissante n’est pas terminé, et nos artistes-auteurs continueront d’écrire et de publier, en autoédition ou bien chez d’autres maisons d’édition, et nous continuerons de faire valoir notre Art.